La notion de jeu s’apparente à celle de découverte, mais l’enfant a aussi besoin de partager ses découvertes avec les adultes qui l’entourent.

Lorsque l’adulte s’ouvre à l’univers de l’enfant, se met à son niveau, il met en place des moments de complicité qui tisseront sa relation de parent. Dès la naissance, le jeu apparait comme une activité spontanée et il n’est pas nécessaire à cet âge d’introduire des jeux compliqués, le jeu peut prendre la forme de chatouilles sur le ventre, de cache-cache derrière les mains… Toute activité peut être propice à un moment de jeu, d’échange et de plaisir. Quand l’enfant grandit, le jeu commence à se diversifier, du bricolage aux jeux de société… Il est nécessaire que l’enfant puisse jouer seul et comprendre que ses parents ne sont pas toujours à sa disposition.

L’égalité dans le jeu :

Lorsqu’ils jouent, parents et enfants apprennent à se découvrir autrement, les rôles habituels sont bousculés : tous les membres de la famille sont joueurs. On peut imaginer que les conflits soient mis de côté le temps du jeu, ou au contraire exacerbés, quitte à les extérioriser lors d’une partie. Ainsi, le jeu peut faire office de médiateur. De plus, il impose les mêmes règles pour tous les joueurs autour de la table, peu importe leur position au sein de la famille. Les règles peuvent être au préalable modifiées ou aménagées suivant les différences d’âge, mais c’est aussi ça le plaisir du jeu, celui d’en modifier collégialement les règles. Le jeu en famille permet à chaque membre de la famille de découvrir une facette insoupçonnée du caractère de l’autre (une maman arrive à bluffer sans complexe, une petite fille réservée se montre audacieuse et un papa mauvais perdant). Toutes ces découvertes amènent l’enfant à porter un regard différent sur ses parents et l’aide à grandir. Les familles ressortent plus fortes et plus unies de ces expériences ludiques.

L’échange entre les générations :

Jouer avec son enfant est l’occasion de lui transmettre des savoir-faire (jeux de construction, sports…), des valeurs (esprit d’équipe, fair-play), des souvenirs d’enfance. A condition que les parents les mettent eux-mêmes en pratique et jouent vraiment le jeu. Dans les moments de jeu, pas question de rappeler à l’enfant son manque de concentration « comme à l’école », ni de s’énerver, ou de s’impatienter parce qu’il ne comprend pas assez vite. Pas question non plus de tricher, de le laisser gagner à tous les coups ; l’enfant n’est pas dupe, et ce faux succès est dévalorisant. Jouer permet aussi à l’enfant de gérer sa frustration : attendre son tour, être malchanceux, perdre aux dés… Jouer permet d’intégrer l’existence de règles imposées par le jeu et de réaliser que ses parents sont soumis à ces mêmes règles.

Quand jouer est une corvée, comment rejouer avec plaisir ?

Pour les adultes que nous sommes devenus, jouer n’est malheureusement plus un jeu d’enfant. Il y a les tracas, la fatigue, les multiples choses à faire. Pour toutes sortes de raisons, un adulte peut ne pas être un parent joueur : il regarde son enfant jouer mais ne peut pas jouer avec lui. C’est sans plaisir, c’est une corvée. En effet, certains adultes ont perdu le goût de jouer. D’autres, n’ont pas eu l’occasion d’éprouver le jeu de façon positive lorsqu’ils étaient enfants. Ces parents auront plus de difficultés à s’investir dans le jeu. Et rentrer dans un jeu qui met à mal sa capacité de jouer parce qu’il « faudrait » y jouer, pourrait créer une tension négative.

Mais si l’envie est là, comment s’y mettre ? Tout peut être propice au jeu et des petites séquences de jeu peuvent prendre place dans la vie quotidienne (barboter dans l’évier, cuisiner…). Parfois, il est plus facile de jouer à plusieurs, dans un espace social ouvert comme au parc, à la plaine de jeux, à la ludothèque, dans les Lieux d’Accueil Enfants Parents (vous trouverez les adresses des LAEP sur le site : www.caf.fr), ou encore dans nos ateliers « La Parenthèse » (veuillez nous contacter pour plus d’informations). Ces moments permettent de regarder les enfants jouer, de prendre plaisir à être avec l’enfant en compagnie d’autres personnes. L’enfant n’a pas besoin que le parent soit un partenaire de jeu continuel. Etre présent et regarder le petit jouer peut être suffisant pour maintenir son intérêt pour le jeu. Sans jouer avec lui on peut porter attention à son jeu, admirer ses prouesses, laisser des jouets à portée de ses mains et lui permettre d’avoir des espaces et des moments pour jouer seul et avec d’autres enfants.

Sources :

Extrait de la campagne « Jeu t’aime ». Plus d’informations sur le site yapaka.be

Conférence sur le jeu – ISRP 2008